Des rodéos - sinon quoi ?

Avec la fin de l’année scolaire et le retour des beaux jours, les rodéos urbains reprennent à Bellevue. En rendant la circulation dans l’espace public périlleuse, des hommes plus ou moins jeunes se l’approprient de fait. Comment résoudre ce problème récurrent ?

Les véhicules diffèrent selon l’âge de leurs conducteurs : voiture pour les aînés, quad, moto, scooter. Tous surgissent à grande vitesse sur la chaussée, parfois le trottoir, et au mépris de tout danger, pour autrui comme pour eux-mêmes, se livrent à des courses et gymkhanas. Depuis les années 1980, les rodéos urbains perturbent les quartiers populaires. Bellevue n’est pas épargné. En juin 2016, ils ont entrainé l’agression d’un chauffeur de tram bloqué par une voiture et une fillette a été renversée.

La population se mobilise pour protester contre les violences urbaines dans l'espace public. Sur la place des Lauriers, sous l'impulsion de la CSF, enfants et parents réalisent des pancartes. Créer, c'est résister !

Les professionnel.les du territoire (services municipaux, éducateur.trices, animateur.trices, médiateur.trices, bailleur.ses) connaissent bien le problème. Durant l’été, elles et ils se réunissent une fois par semaine pour échanger des informations et faire le point sur les mesures engagées, qu’elles soient répressives ou éducatives, ou concernent l’aménagement dissuasif de la voirie. Le 5 juillet 2016, cette réunion était élargie à des associations du quartier. Émulsion faisait partie des invitées. Signe que les autorités souhaitent se pencher sur un aspect négligé de la question : les rodéos sont une violence de genre.

Besoin de long terme

Il s’agit en effet d’une pratique exclusivement masculine, qui envahit l’espace public au détriment de ses autres utilisatrices et utilisateurs légitimes. On sait que le partage de l’espace public n’est pas équitable et que par d’autres pratiques, moins bruyantes mais tout aussi dangereuses, les garçons et les hommes empêchent les filles et les femmes d’en jouir en toute tranquillité. Certes, proposer aux jeunes davantage d’animations encadrées à des horaires qui leur correspondent (soirées) afin qu’ils trompent l’ennui provoqué par l’inactivité tout en respectant des règles, est nécessaire. Mais pour ne pas suivre des conduites à risque, encore faut-il qu’ils ne les aient pas adoptées comme signes extérieurs de virilité. Mieux encore, qu’ils n’associent pas la virilité à la domination et la violence. Par conséquent, qu’ils aient été éduqués dès leur plus jeune âge au respect de l’égalité des sexes.

Bellevue, tu danses ?, une initiative joyeuse pour se réapproprier le quartier. Rencontre intergénérationnelle autour de danses issues de diverses cultures, où l'on partage en toute bienveillance. Prochaine séance : mercredi 27 juillet. Suivre le projet.

Lors de la réunion, la nécessité d’une action permanente de prévention des conduites à risque associant les parents a été soulignée. Un programme de fond contre le sexisme juvénile n’est pas encore ouvertement annoncé. Mais on y vient. Il passe par une réappropriation pacifique de l’espace public par celles et ceux qui ne s’y sentent pas à l’aise. Avec le projet Cafète lancé par la Cité Côté Femmes, réunissant des associations du quartier, les femmes de Bellevue auront prochainement un lieu de détente qu’elles organiseront et contrôleront elles-mêmes.