Parlez-vous non sexiste ?

« Le masculin l’emporte sur le féminin », nous a-t-on appris. Pas une raison pour se laisser intimider ! Émulsion donnait le 26 novembre 2015 un atelier pour expérimenter les façons de parler et d’écrire sans évincer les femmes d’un discours. Cet atelier marquait le lancement des préparatifs de Mars’Elles, un mois de mixité active à Bouguenais.

Pour les participant.es, l’enjeu est de taille : les associations qu’elles/ils représentent vont participer à Mars’Elles, et mieux vaut ne pas rédiger leurs communications sur l’événement strictement au masculin, même considéré comme générique.

La programmation de Mars’Elles défend en effet la lutte pour l’égalitéE et contre les discriminations sexistes. Elle se concentre plus particulièrement sur les femmes dans l’art. Du 5 mars au 9 avril 2016, des expositions, ateliers d’initiation, spectacles et concerts, ciné-débats, cafés citoyen, vont animer tous les quartiers de Bouguenais. L’association La Réaction, à l’initiative du projet, organise les participations de diverses structures et associations bouguenaisiennes, ou du moins nantaises, dont Émulsion. Le tout marquera le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes – et non pas Journée de la Femme, comme on l’entend ou le lit encore trop souvent.

 

Elles et ils relèvent le défi

Écrire non sexiste exige un gros effort. Nos habitudes langagières sont profondément ancrées dans nos cerveaux ; nous employons couramment le masculin en générique en croyant user du neutre, genre qui n’existe pas en français. « Doublegenrer », par la répétition (les voisines et les voisins / ils et elles) ou par des accords inhabituels (les administré.es) attire souvent des quolibets. En dépit des préconisations gouvernementales, dont les premières datent de 1984, la féminisation des noms de métiers, fonctions, grades ou titres, fait toujours débat[1]. On nous oppose un non-respect des règles grammaticales, pas forcément avéré, une inélégance des sons, toute relative, une lourdeur de style ou de graphie.

Toute volonté de mettre en relief la présence de femmes dans quelque circonstance que ce soit attire la suspicion : serions-nous, par hasard, féministes ? L’emploi du masculin générique (dit aussi « non marqué ») est une opération qu’on appelle « neutralisation du genre ». Dans un monde où la mixité coulerait de source, elle ne poserait aucun problème. Nous n’en sommes pas encore là, et la prudence recommande de spécifier qu’on compte des femmes parmi les artistes, des participantes parmi les participants – et avant tout, des femmes parmi les êtres humains qu’on persiste à appeler « hommes ».



[1] Le guide Femme, j’écris ton nom (1999), préfacé par Lionel Jospin, donne un intéressant aperçu historique, fait le point sur les règles et les obstacles, et fournit une longue liste de noms féminisés.