Au cours de français

Tous les lundis matin, Monique soutient des femmes étrangères dans l'apprentissage ou le perfectionnement de la langue française.

Monique est bénévole au Restaurants du Cœur depuis qu'elle a quitté son bureau d'institutrice pour prendre sa retraite. "Je n'ai pas vraiment choisi, dit-elle. On m'a sollicitée à Orvault, ça n'était pas loin, j'ai accepté." De toute façon, elle aurait intégré une association : "J'ai toujours eu la fibre sociale. Ma mère est restée veuve avec sept enfants, en campagne. La société nous a aidés. Nous avons toutes et tous trouvé une place. J'ai à cœur de redonner." A Orvault, au bout de quelques années, elle se sent frustrée car elle ne trouve jamais le temps de revoir les gens accueillis pour refaire le point sur leur situation. Elle entend parler du Lieu d'accueil pour femmes alors qu'il n'est qu'en conception. Elle s'y présente et y restera. Elle l'a connu à ses débuts, alors que seulement dix à quinze femmes par jour y venaient, sans enfant, pour pouvoir vraiment s'y reposer. Depuis trois ans, elle y assure le cours de français.

Le groupe du matin rassemble des femmes qui parle peu la langue, ou pas du tout. Elles viennent d'Afrique, d'Albanie, de Tchétchénie ou d'ailleurs : énormément de pays sont représentés au Lieu. Monique leur apprend à lire, des mots ou phrases simples qu'elles croisent sur leur chemin. Elle utilise la méthode globale. Puis elle les encourage à parler. "Elles se sentent reconnues, explique l'ex-institutrice. Il y a plusieurs groupes d'alphabétisation dans Nantes. Je les incite à aller dans leur quartier. Mais elles s'y sentent perdues car ce sont des groupes d'une vingtaine de personnes. Ici, elles sont trois à cinq par séance." L'après-midi, viennent les plus avancées. Pas toujours les mêmes. Car, note Monique, "ce qui leur manque, c'est l'assiduité." Elle émet un regret, pas un reproche, car elle sait bien que leur précarité gêne les femmes accueillies dans toute démarche qu'elles souhaitent accomplir.