Odette Roux, 96 ans, militante pour la paix

Rencontre chez Odette Roux avec Fanny Proust cet eté 2013,  aux Sables d'Olonne.

Une Vendéenne à l'âme rebelle

Il y a 70 ans, Odette Roux perdait, dans des circonstances tragiques, son mari Frédo, dénoncé par la police française pour actes de Résistance. Sous le nom de Simone Petit, elle parcourait seule les campagnes vendéennes à bicyclette, transportant dans ses sacoches des tracts  et faisant le lien entre les différents maquis, dormant dans des planques, privée de sa fille Line que des amis gardaient en sûreté… Elle n’a cessé, depuis, de lutter pour défendre la paix et les droits humains.

Tout avait commencé pour elle lorsque, fille d’artisan menuisier née dans un village de Vendée très conservateur, Odette avait dû affronter les regards des autres : elles étaient, avec sa sœur, les seules filles à fréquenter l’école publique de garçons. Pourtant la petite Dédée, qui aimait certes grimper aux arbres, croyait en Dieu mais elle avait été très vite mise à l’écart par le curé du village. Le divorce de ses parents, aussi, fut un choc. Elle obtient son certificat d’études en 1929, classée première du canton, et poursuit ses études à l’Ecole primaire supérieure.  « Je disais aux autres : je ne suis pas bien habillée mais je suis plus intelligente que vous et je serai la première ! »

 

Odette Roux, jeune institutrice rurale.
Odette Roux, jeune institutrice rurale.

Premiers engagements

Après l’Ecole normale, où elle sert de souffre-douleur à certains professeurs, qui probablement ne parviennent pas à la « normaliser », Odette prend son premier poste d’institutrice en 1936. Mais avant cela, quelque chose d’important s’était passé pour elle. Lors du voyage de fin d’année qu’elle avait organisé en Corse avec son professeur d’histoire -une communiste qui entrera dans la Résistance et sera fusillée par les Allemands-, elle avait passé une soirée aux côtés d’une certaine Vincentella  Perini, connue plus tard sous le nom de Danielle Casanova… On est en pleine Guerre d’Espagne et les discussions auxquelles elle assiste lors de cette fameuse nuit dans les Calanques, ouvrent l’esprit d’Odette : « Sans bien distinguer les tenants et les aboutissants de tout cela, je sentais que c’était quelque chose d’important ». Puis on lui propose un remplacement comme professeur au cours complémentaire de Challans où elle doit enseigner six matières différentes à des filles qui ont pratiquement le même âge qu’elle : histoire-géographie, anglais, gymnastique, couture et musique !

C’est à cette époque qu’elle adhère aux Jeunesses socialistes et au Syndicat des instituteurs dans le « Groupe des jeunes de l’enseignement », avec lequel elle met sur pieds les premières auberges de jeunesse. Là aussi qu’elle commence à lire l’Humanité pour suivre l’actualité en Espagne.

Au syndicat, lors d’une réunion, elle rencontre Alfred Roux, surnommé Frédo, natif de La Chaume, quartier ouvrier haut en couleurs des Sables d’Olonne, qui est alors un port de pêche florissant. Homme charismatique, Frédo est aussi un rebelle, animé par une soif de justice, déjà engagé au Parti communiste et investi de responsabilités au sein du Front populaire. Il mène notamment beaucoup d’actions auprès des ouvriers de marine des Sables et Odette découvre à ses côtés un autre monde.

Ils se marient en mars 1938 à la mairie et « en sabots », pour régulariser une situation qui commence à faire jaser dans les chaumières de l’Inspection académique ! On leur confie un poste double et les évènements politiques -changement de gouvernement et nouvelles lois remettant en cause les avancées du Front populaire- les poussent à faire la  grève du 30 novembre 1938, « interdite par le gouvernement ». Une semaine de salaire en moins pour une journée de grève ! Sans compter ce qui allait les frapper deux ans plus tard : un déplacement de poste en plein mois de décembre alors que Frédo, mobilisé, revient tout juste de la « drôle de guerre » … C’est ainsi qu’ils se retrouvent au sud du département dans le village d’Aziré, près de Fontenay-le-Comte.

 

Entrée dans la clandestinité, Odette Roux sillonne la campagne munie d'une fausse carte d'identité.
Entrée dans la clandestinité, Odette Roux sillonne la campagne munie d'une fausse carte d'identité.

Résistance !

En janvier 1941, Odette et Frédo sont contactés par un responsable de la Résistance communiste. C’est là et seulement là qu’Odette adhère au PC. « Je n’aurais pas voulu avant qu’on croie que j’adhérais pour faire comme mon mari ! » Rappelons que le Parti communiste est devenu interdit en France depuis le début de la guerre.  Dans un premier temps, ils diffusent des tracts reprenant des articles de l’Humanité clandestine, puis on leur demandera d’imprimer un journal intitulé « L’instituteur patriote », que Frédo ira déposer la nuit dans les boîtes aux lettres avec son voisin. Parfois, ils hébergent aussi des clandestins. Le jour, la vie suit son cours, mais autant dire que leurs élèves n’auront jamais chanté « Maréchal, nous voilà ! ».

Le 8 mai 1942, leur fille, Line, naît et Frédo est aux petits soins. Pour pallier aux pénuries du moment, il élève des lapins et s’occupe de ruches. Mais la situation en Europe se durcit. L’exécution d’opposants à l’occupation allemande et au gouvernement de Vichy crée un climat de terreur, qui font apparaître encore plus intenses les moments simples de bonheur. Odette n’a jamais oublié ce noël 1942 où elle réussit à se procurer du tabac pour Frédo. Le premier Noël de Line, et son dernier, à lui…

En effet, le 12 mars 1943, ils sont arrêtés après la classe par la Section des affaires politiques de la police française et Frédo emprisonné. Jamais il n’y aura de procès et Odette apprend, trois mois plus tard, son « suicide ». Surveillée durant quelques mois, elle entre finalement en clandestinité et poursuit la lutte. C’est une période difficile où elle doit surmonter la douleur de la mort –dont elle parle très peu-, la séparation d’avec sa fille qu’elle ne peut exposer aux risques encourus, la perte, même provisoire, d’identité, la vie nomade, la peur et la fatigue - trajets à vélo dans toute la Vendée, faisant parfois jusqu’à 150 km par jour -. Mais quelle « chaleur extraordinaire », le soir, chez tous ces inconnus qui l’accueillent !

1944. L'Assistance française préfigure l'Union des femmes françaises (UFF), aujourd'hui Femmes solidaires.
1944. L'Assistance française préfigure l'Union des femmes françaises (UFF), aujourd'hui Femmes solidaires.

Première maire d’une sous-préfecture 

Août 1944. A la Libération de la Vendée, le nouveau préfet nommé confie à Mme Odette Roux des responsabilités : membre du Comité de Libération, du Conseil municipal des Sables d’Olonne et aussi présidente de la « Commission d’épuration »,  une tâche dont elle se serait bien passé. Elle est également associée à la réorganisation du Parti communiste en Vendée auquel elle ne « connaissait presque rien mais il fallait tout faire quand même !». Elle s’investit dans l’Assistance française - qui devient l’Union des femmes françaises- pour organiser un soutien aux résistants combattant encore l’occupant dans les « poches » de La Rochelle et de Saint-Nazaire.

A l’approche des élections municipales, les premières d’après-guerre, Odette rejoint une liste constituée par des Résistants : l’Union patriotique républicaine antifasciste. Les femmes viennent d’obtenir le droit de vote et sont éligibles. Entre les deux tours, le 8 mai 1945, tandis que la liste de l’UPRA est en ballotage, la victoire des alliés sur l’Allemagne nazie est signée. Le 13, la liste l’emporte, grâce en particulier aux voix des femmes de La Chaume, des ouvrières, provoquant un véritable événement aux Sables. Huîtres et vin blanc pour tout le monde ! A l’époque, c’est lors de la première séance du Conseil municipal que le maire est élu par les Conseillers et Odette sera choisie presque à l’unanimité. Comme elle dit, « il fallait bien que quelqu’un le fasse ! ».

 

Et c’est ainsi que, portée par les évènements, elle se retrouve à la tête d’une ville de sous-préfecture, une première en France, avec tout à reconstruire et une maigre indemnité pour ses nouvelles fonctions. Heureusement, le Comité central du PCF lui versera une aide mensuelle. Odette en devient d’ailleurs membre suppléante et rejoint le bureau des Maires de France. Tout cela cumulé ! Au cours du Congrès national du PCF à Versailles où on lui demande d’intervenir, elle rencontre des personnalités telles Marie-Claude Vaillant-Couturier, Jeannette Vermeersh et Claudine Chomat. Elle en revient fort impressionnée mais elle aussi impressionne les congressistes par sa jeunesse et sa véhémence…

Dans ses toutes nouvelles fonctions, Odette est attendue « au virage » et doit déployer des trésors d’énergie, d’audace et de persuasion pour réaliser ses projets. En contact direct avec la population, elle fait  face à la pénurie de nombreuses denrées et matières premières tout en luttant contre une virulente adversité de la droite et du Clergé. « J’ai été souvent attaquée par des lettres anonymes, des procès, des affiches placardées au mur, mais j’ai aussi obtenu le soutien et l’amitié de nombreux Sablais, qui ne partageaient pas toujours mes idées ».

Le mandat durera deux ans et demi au cours desquels elle parvient, avec son équipe, à mettre en place beaucoup de choses : cantines scolaires, centre médico-social, réfection des écoles, création d’un lycée public, colonies de vacances, centres d’apprentissage, « patronage » (ancêtre du centre de loisirs), renforcement des services communaux, aménagement d’un jardin en centre-ville, plantation de 2 000 arbres, rénovation de l’éclairage public, nouvelles rues, etc.

 

 

Dans le collimateur de l’Inspecteur

Mais nous sommes en Vendée et les vieilles tendances politiques de la région vont vite ressurgir... Aux élections de 1947, la droite reprend la mairie et Odette se retrouve simple conseillère municipale, très souvent rabrouée par le nouveau maire et son équipe. Elle restera candidate à toutes les élections en Vendée au nom du Parti communiste, mais ne sera plus jamais élue. « Il fallait parcourir tout le département pour les réunions publiques et contradictoires. C’était relativement facile dans le Sud Vendée, mais une toute autre histoire dans le bocage encore soumis à la voix de Monsieur not’maître et du curé… Nous étions souvent interrompus par des huées et des bagarres ! »

Odette poursuit sa carrière avec le dynamisme qui la caractérise et se retrouve à nouveau, en 1949, à enseigner plusieurs matières au Cours complémentaire du Centre aux Sables. Malgré le manque de matériel et d’infrastructures, elle y crée notamment des équipes de hand dont certaines se distinguent dans le département. Mais tout comme l’était son mari, Odette Roux est « fichée »  dans les registres de l’Education nationale et l’Inspecteur primaire jugeant ses idées « incompatibles avec l’enseignement du français », il lui attribue une section maternelle à la rentrée 1951, dans une classe de fortune aménagée dans une pièce de l’appartement de la directrice…

Parallèlement, Odette milite toujours à l’UFF qui en quelques mois, crée 4400 comités en France. Elle tisse là des liens qui demeurent encore aujourd’hui solides. Ces comités agissent activement et très concrètement pour améliorer les conditions de vie et faire progresser les droits des femmes et des enfants. Il y a aussi le Mouvement de la Paix, impulsé en 1950 par le scientifique Frédéric Joliot-Curie qui « refuse que sa science soit mise au service de la guerre ». Odette participe à la campagne mondiale de signatures, en porte à porte, du fameux « Appel de Stockholm ».

Mais elle pratique aussi à ses heures perdues la danse folklorique et n’hésite pas à faire 40km à vélo tous les lundis, après la classe, pour suivre son cours à Challans… Repartant le lendemain à 6h du matin pour embaucher aux Sables!

1955. Odette Roux représente l'UFF au 2ème Congrès des femmes vietnamiennes à Hanoi.
1955. Odette Roux représente l'UFF au 2ème Congrès des femmes vietnamiennes à Hanoi.

Une parmi toutes ces femmes

Jusqu’à un certain soir de mars 1955 –mars, toujours- où une fois de plus, les événements se précipitent. On lui propose de représenter l’Union des femmes françaises à la Fédération démocratique internationale des femmes dont le siège se trouve à Berlin Est. « Le ciel me serait tombé sur la tête que je n’aurais pas été plus surprise… Mais comment refuser ? » Elle n’a que peu de temps pour se retourner. Une semaine plus tard, elle prend ses dispositions et s’embarque avec Line dans cette nouvelle aventure. Plongée dans les responsabilités internationales ! « Je me sentais un morceau de l’humanité, une parmi toutes ces femmes et ces mères. J’avais ma place. Et puis, quel bonheur, nous allions vivre dans une démocratie populaire ! Cela m’apparaissait comme la société idéale ou du moins, la marche vers une société idéale. »

La FDIF, organisation non gouvernementale présidée par la scientifique Eugénie Cotton, « une femme exceptionnelle dont on ne parle jamais », regroupe à sa création en novembre 1945 des représentantes de 41 pays ayant décidé de « s’unir et de lutter pour construire une autre vie (…) et affirmer leur contribution à l’épanouissement de l’humanité dans le sens du progrès social et de la paix dans le monde ». Elle travaille en lien avec l’Organisation mondiale de la santé, bénéficie d’un statut consultatif auprès de l’ONU, de l’UNESCO et de l’Organisation internationale du travail.

Au départ, Odette se sent un peu perdue et intimidée dans ce nouvel environnement fréquenté par d’éminentes personnalités et des femmes de tous pays, si différents à tous points de vue. Un peu effarée aussi par les ravages de la guerre ici, en Allemagne. Là commence une série de congrès qui lui font découvrir le monde : Finlande, Roumanie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Belgique, URSS, Suède, Chine et Vietnam. Ces deux derniers voyages la marquent particulièrement. « Ce fut un grand privilège d’avoir pu voyager dans cet immense pays en pleine mutation qu’était la Chine, qui passait du Moyen-Âge à la vie moderne ». A la fête du 1er mai où les « hôtes étrangers » étaient invités en grande cérémonie, elle s’est retrouvée tout près de Mao Tsé-Toung. « Imaginez, là, une petite Sablaise parmi tous ces dignitaires du Régime. C’était quand même quelque chose de formidable pour moi. Chou en-Lai nous avait fait servir un très grand dîner et je lui ai serré la main ! »

Paysages enchanteurs, habitants ébahis –ils n’avaient jamais vu d’Occidentaux- spectacles de rues fascinants, chantiers pharaoniques, Odette est étourdie par ce voyage. Mais alors qu’elle commence à s’ennuyer de Line et à songer au retour en Europe, l’UFF lui demande de se rendre à Hanoi pour le 2ème congrès des femmes vietnamiennes où elle sera reçue, avec les autres déléguées, par Hô Chi-Minh. Elle écrit à sa fille pour lui expliquer : « Aujourd’hui le peuple vietnamien fait un effort considérable pour reconstruire ce que la guerre a ravagé et il est du devoir d’une Française de participer à ce congrès. » Odette se souvient avoir pleuré en prononçant au micro son premier discours. « Si je n’avais pas lutté pour la paix en Indochine, je n’aurais pas pu regarder ces femmes dans les yeux », confie-t-elle.

Honneurs bafoués

En 1956, le rapport Khrouchtchev dénonce les crimes de Staline. « A la FDIF, nous étions abasourdies… Moi j’étais bouleversée. L’Armée rouge avait quand même joué un rôle capital dans la victoire contre le fascisme. J’aimais ce pays, sa littérature, sa musique, ses films,  et je croyais que la révolution de 1917 avait fondamentalement changé la vie du peuple. Mais en lisant tous les jours dans Le Monde des extraits de ce rapport, je commençais à me dire que tout n’était peut-être pas aussi rose qu’on nous l’avait montré ».

Nous sommes alors en pleine « guerre froide ». La brèche ouverte par ces révélations fait le jeu du Capitalisme, qui en profite pour raviver un anticommunisme primaire qu’Odette devra de nouveau braver. C’est l’époque aussi de la lutte du peuple algérien pour la décolonisation, début d’une guerre honteuse qui va durer huit ans. « L’honneur de la France » en prend pour son grade et la dénonciation des tortures infligées aux Algériens la fait bouillir de rage.

Odette reste encore un an à la FDIF où elle s’occupe de la revue  Femmes du monde entier, avant de rentrer en France. A son retour, elle affronte des conditions de travail rudimentaires dans une petite classe de campagne, des tensions politiques liée à la guerre d’Algérie et l’incompréhension de ses camarades face à sa « vision plus nuancée sur l’URSS ».  La nouvelle Constitution de 1958 rétablissant le scrutin uninominal majoritaire à deux tours, le Parti communiste se retrouve en position de faiblesse et les batailles deviennent « très, très rudes ». Odette et ses camarades militent activement pour l’indépendance de l’Algérie ; elle mène en 1962 une manifestation de voitures sur le Remblai des Sables d’Olonne, semant une réelle inquiétude dans la Police…

Grâce à un petit héritage de son père, Odette s’était acheté entre temps un terrain où elle avait fait construire, avec deux amies, un modeste immeuble, dont elle dessine elle-même les plans.

Puis, reprenant du service au Cours complémentaire -poste qu’elle demandait depuis des années sans succès-, elle met en pratique des méthodes de pédagogie alternative. Enfin, en 1964, elle devient Secrétaire départementale du SNI Vendée, luttant pour défendre l’école laïque, de plus en plus menacée : de nouvelles lois renforcent la participation de l’Etat au financement du privé, refusant dans le même temps des crédits pour subvenir aux besoins grandissants de l’école publique. D’importantes manifestations et des campagnes de signatures ont lieu dans tout le département. Cependant, Odette se sent moins à l’aise dans la lutte syndicale que dans la bataille politique. « C’était une tâche très lourde et les heures s’accumulaient. Ce fut une période intéressante mais difficile », durant laquelle elle se lève souvent à 4h30 du matin pour préparer sa classe, car il n’existe alors aucune décharge... 

1968. Après avoir activement participé aux "événements", Odette Roux prend un peu de repos.
1968. Après avoir activement participé aux "événements", Odette Roux prend un peu de repos.

L’espoir d’un monde meilleur

C’est dans ce contexte que mai 68 est arrivé et Odette prononce de virulents discours appelant à la grève générale. « Elle a littéralement enflammé la salle qui vibrait au son de ses paroles. Le théâtre était plein à craquer et les gens, de toutes catégories sociales, étaient debout en train de hurler « Vive Odette !», se souvient une enseignante de l’époque.

Enfin, elle décide, en 1972, de prendre sa retraite « dans la discipline syndicale » et se présente une dernière fois aux élections législatives de 1973. Mais si elle aspire à un nécessaire repos, Odette ne garde pas pour autant les deux pieds dans le même sabot. Animatrice bénévole à Tourisme et Travail, où elle emmène avec elle ses deux petits-fils, investie au Secours populaire, enseignant le yoga, elle continue à mener une vie sociale et politique actives et à défendre ses idées.

Autant dire qu’au cours de sa vie, cette petite femme d’un mètre et demi aura remué bien des consciences et marqué une génération d’élèves. « Au collège, elle m’a appris à réfléchir ! On ne rigolait pas mais on ne s’ennuyait jamais. Je pense que c’est d’elle que je tiens mon esprit rebelle », raconte l’une d’entre elles. « Je me souviens de débats sur des sujets d’actualité », évoque l’un de ses premiers élèves garçons quand le collège deviendra mixte, après 68. « Madame, vous aviez trente ans d’avance et auriez pu faire vôtre cette devise de Voltaire : je ne suis pas d’accord avec vos idées mais je me battrai pour que vous ayez le droit de les exprimer ».

Suite à la parution de sa biographie, en 2005, que j’ai écrite avec sa fille Line, Odette Roux témoigne de son histoire devant différents publics et invite à ne pas baisser la garde, convaincue que « tous ensemble, nous puiserons l’énergie pour faire naître d’autres possibles ». Le 17 janvier 2009, sur proposition de la déléguée départementale aux Droits des femmes, Kateline Jarin-Thévenot, elle a reçu la Légion d’honneur. « J’ai accepté à condition qu’à travers moi, ce soient toutes les femmes de Vendée qui soient honorées ». Merci, Madame !

 

Fanny PROUST

 

Sources : interviews d’Odette Roux de 2002 à 2007 et extraits du livre

Le Jardin d’Odette, chronique d’une Vendéenne engagée paru en deux époques aux éditions Art et Grains de mémoire.

Commandes par correspondance: grainsdememoire@orange.fr

ou tél. 06 79 09 09 08.

 

Invitée par comité de Femmes solidaires Nantes en Novembre 2008, Odette Roux tient une conférence publique sur le thème  "Résister hier et aujourd'hui"  à l'Espace Simone de Beauvoir après la projection du film documentaire réalisé avec les élèves du Lycée Léonard de Vinci de Montaigu ; " Odette Roux, une vie de lutte et d'espoir".

 

 

Odette Roux est invitée par le Comité de Femmes Solidaires à Saint Nazaire, en avril 2009 à la Maison des Associations, pour une conférence publique autour des livres   "Le jardin d'Odette, chronique d'une vendéenne engagée" de Fanny Proust .