Fanny Seugnet, couturière et animatrice

Rencontrer son métier

Fanny Seugnet a découvert ses véritables envies professionnelles dans l'action, grâce à des contrats précaires certes, mais qui lui ont permis de préciser ses choix. Elle poursuit actuellement sa formation d'animatrice.

Adolescente, sa vie familiale l'a conduite à changer plusieurs fois de ports d'attache : La Rochelle, Paris, Rennes, Nantes. Après le CAP couture à Paris, elle se lance dans l'obtention d'un bac professionnel à Rennes. Elle abandonne ses études avant de passer son examen : "Je ne me projetais plus dans ce bac industriel. Ça ne correspondait pas à mes premières envies : le théâtre, le milieu du spectacle, pas le milieu de l'industrie. Je ne me rendais pas compte de l'importance de finir mon année." Pas très studieuse, la jeune Fanny Seugnet, concentrée sur son présent immédiat. Pas très déterminée quant à son avenir : la couture, elle aime bien mais ne désire pas y consacrer sa vie entière. "J'étais pas très bien", avoue-t-elle. Son meilleur atout, c'est sa curiosité.

L'évolution professionnelle de Fanny : 3 ans de compagnonnage avec Style Alpaga.

Fanny Seugnet ne souhaite pas s'embaucher dans un atelier à l'organisation et aux cadences abrutissantes. Si la technique qu'elle possède, la couture donc, ne la passionne pas, elle intéresse vivement les structures. C'est grâce à ce savoir apprécié qu'elle va pousser les portes de l'animation, sans idées préconçues. Elle avait 21 ans lors de son premier contrat d'insertion. C'était aussi pour elle un moyen de reprendre un rythme de travail, d'échanger avec un conseiller disponible. Là, elle s'aperçut aussi qu'elle ne pouvait pas s'offrir ce qu'elle fabriquait, trop cher pour elle. "En même temps, les salarié·es mettent longtemps à fabriquer." L'activité, l'accompagnement et les conclusions qu'elle en tira portèrent leurs fruits : "J'avais repris confiance, on me félicitait pour mon travail. J'avais retrouvé la pêche." Elle s'est préparée à partir à Cholet, reprendre sa formation professionnelle de modéliste.

Puis elle a trouvé l'annonce de Style Alpaga, qui cherchait une "animatrice couturière". Par deux copines qui toutes deux lui avaient transmis la demande dénichée sur un journal. "J'ai envoyé mon CV, j'ai rappelé tous les deux jours pour avoir des nouvelles... Et puis j'ai eu l'emploi (un emploi avenir). Au début, c'était difficile, je ne suis pas animatrice. Mais j'avais des super collègues qui me disaient quoi faire, quoi ne pas faire... Au bout de trois mois, avec les ados, ça n'allait pas. J'ai proposé de laisser ma place... Puis j'ai appris à être patiente, à être dans l'écoute... Les filles m'ont appris le métier sur le tas." Les animatrices de Style Alpaga lui ont aussi appris à échanger avec les autres collègues. Fanny Seugnet, pour laquelle le contact humain donne du sel à la vie, a vite appris. "Finalement, au bout de trois ans, je suis prête à aller en formation d'animatrice pour passer le BPJEPS (brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation et du sport)."

À l'issue du contrat de l'emploi-avenir, l'association employeuse peut embaucher hors emploi aidé, financièrement impossible à Style Alpaga qui a pourtant besoin des talents de Fanny Seugnet. Il restait le choix entre le chômage et une nouvelle formation. Elle fera une formation, avec un stage obligatoire en alternance, à Style Alpaga comme elle l'espérait. Bien qu'on l'ait encouragée à profiter de la formation pour découvrir une autre association, un autre public, "dans ma tête, c'est pas encore le moment". Au centre de formation, elle apprendra la théorie. Elle compte se nourrir des parcours de ses costagiaires. Elle se spécialise dans l'animation en direction des publics dits "fragilisés", "des personnes qui n'ont pas un parcours classique, qui ont des hauts et des bas, qui ont besoin d'être accompagnées, ou qui ont perdu ou risquent de perdre leur autonomie, des personnes exclues ou en risque d'exclusion de la société. Je suis contente de découvrir l'animation sociale." Par opposition à l'animation "tout public".

Fanny Seugnet doit monter un projet durant sa formation. Elle a choisi d'aller vers un public de primo-arrivantes. "L'idée est de partir de leurs propres connaissances. En les interrogeant sur leurs quotidiens avant d'arriver à Nantes, je compte les aider à aller progressivement vers la découverte de lieux, d'habitudes, pour qu'elles trouvent une place dans les habitudes des Nantais·es et gagnent en autonomie dans leurs possibilités de déplacement. Je veux qu'elles puissent construire ensemble leurs sorties, ce qui passe aussi par une connaissance de l'ordinateur et l'acquisition de plus d'aisance dans l'écriture. A Style, j'ai beaucoup de demandes de vélo !"

Elle s'est engagée contre la suppression des emplois aidés. "Je trouve ça vraiment dommage. Ce n'est pas comme si les associations avaient de l'argent pour embaucher et continuer leurs projets ! Quand tu choisis ce métier, tu sais que tu seras mal payée, que ça te prendra toute ta tête, que tu ne comptes pas tes heures, mais tu fais ça parce que ça apporte quelque chose, que les gens sont contents. Je trouve que c'est un beau métier." Voilà pourquoi Fanny Seugnet, qui tient à souligner qu'elle "aime aussi la couture", a choisi de se diriger vers l'animation. Voilà comment une jeune fille qui n'avait ni grande confiance ni grande ambition put trouver sa voie et la suivre joyeusement.