Ce que soulève la jupe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’intitulé de la journée du 16 mai est emprunté à un ouvrage de l’historienne Christine Bard.

Il indique assez le propos : appeler à réfléchir ensemble

aux stéréotypes sexués,

dont vestimentaires,

qui encouragent les inégalitéEs.

Porter une jupe pour les garçons, comme pour les filles, reste une option facultative. Quoique bienvenue, car le symbole frappe et les lycéen-nes, bien légitimement, souhaitent que leur initiative soit visible (lire l’entretien avec un des élèves à l’origine de la Journée dans Libération).

Or, c’est sur ce détail que s’est focalisée la polémique, certains n’hésitant pas à ajouter le port de rouge à lèvres dans la panoplie prétendument exigée. Le pugilat s'étend sur deux fronts. Politique, la droite accusant l’Académie d’avoir téléguidé le projet, une initiative lycéenne que le rectorat s’est contenté d’autoriser (visionner l’intervention de Véronique Louwagie, députée UMP de l’Orne à l’Assemblée nationale sur Rue89). Idéologique : on nous ressort l’épouvantail de la théorie du genre, que le ministère de l’Éducation répandrait dans les écoles, privant nos pauvres petit.es de leurs indispensables repaires genrés – une accusation malheureusement infondée (lire l’article d’Eugénie Bastié dans Le Figaro – par un ironique hasard, surmonté d’une bande publicitaire pour le Printemps des comédiens, manifestation montpelliéraine qui a cette année choisi pour effigie un.e androgyne portant barbe et chignon perlé !).

Une centaine de personnes, à l'appel de la Manif pour tous, se sont rassemblées le 15 juin, veille de la Journée, devant le lycée Clémenceau à Nantes, pour crier leur juste colère devant cette grave atteinte aux lois de la sacrosainte famille. Face à eux, quelque quatre cents lycéen-nes, furieux.ses de voir instrumentalisée une initiative qui, l’an passé, s’était déroulée sans heurts (et hélas, sans relais médiatique). Elles et ils ont bien compris que le scandale fabriqué ne servirait pas la lutte anti-sexisme qu’elles/ils défendent, réduite à un ridicule étalage de fantasmes. D’autant que leurs détracteurs les disent « manipulé.es ».

Mesdames et messieurs les défenseurs autoproclamé.es de « nos enfants », sont-ce de bonnes manières que de dénier leur liberté d’expression, leur aptitude au sens critique et, pour couronner le tout, leur droit sacré à la rigolade ?  

Leur réponse ce vendredi 16 mai : une manifestation festive... et en jupe.