Jeanne Gantier, militante associative

Jeanne Gantier co-anime l'atelier de cuisine Romsi.

Photos extraites du reportage réalisé pour le livre De Punghina à Indre.

Une femme libre et engagée

On la trouve sur le front de la lutte contre l’injustice. À Indre, elle fait partie de ce collectif qui, autour du maire et du conseil municipal, a décidé, fin 2009, de ne pas accepter les inacceptables expulsions répétées des familles roms dans la région nantaise… Elle est devenue la présidente de l’association Romsi, avec autant de détermination et d’efficacité que de modestie.

 

Dans sa famille (des parents petits agriculteurs et sept enfants), elle a appris l’entraide, l’amour, l’amitié, la solidarité, la fidélité, mais aussi l’indignation contre l’injustice : «les difficultés de la vie de mes parents ont sans doute nourri mon besoin d’engagement contre les injustices. Je ne supporterais pas d’avoir des gens malheureux près de moi et de ne rien faire. »

Elle sait, contrairement à ce que croyait sa maman, que ce ne sont ni les prières ni la confiance dans « le bon dieu » qui changeront la donne, mais un engagement concret et collectif dans la bataille. C’est ce chemin-là qu’elle a choisi : « on se construit avec ce qu’on fait ».

Grandir avec les autres

C’est le sens qu’elle donne à son engagement, à la fois solide : « quand je prends un engagement, je le respecte » et sans prétention : « sans les autres, je n’existe pas » et « je suis de passage, après moi, une autre personne fera ce que je fais ». Des causes fortes la mobilisent : les enfants, l’école, la condition des femmes. Elle a été active comme parent d’élève et au réseau Éducateur sans frontière, elle est encore engagée à l’Amicale laïque (dont elle a été 3 ans présidente). Comme les grandes figures de son panthéon personnel : Nelson Mandela, Gandhi, Stéphane Hessel, Angela Davis, Lucie Aubrac, Isabelle Autissier ou encore Aung San Suu Kyi…

Jeanne Gantier croit en l’être humain. Elle sait qu’il est capable du pire comme du meilleur, mais elle met son énergie à tendre vers le meilleur… Quels que soient celles et ceux qu’elle côtoie, ce qui lui importe c’est de partager un moment de vie, et ainsi de grandir avec l’autre, avec les autres.

Le local d’abord

Depuis la fin 2009, accompagner les familles roms dans leur apprentissage d’une vie citoyenne et dans leur progression vers l’accès aux droits communs, est une évidence pour Jeanne Gantier. Engagée, généreuse dans cet engagement, Jeanne Gantier se veut pourtant indépendante, libre ! Elle n’a pas la fibre des appareils et des institutions. Elle en reconnaît l’utilité, mais elle ne se voit pas, elle, accepter une responsabilité ni syndicale, ni politique. La vie associative locale articulée autour des valeurs qui lui sont chères et sur les champs de la vie quotidienne lui convient parfaitement. Les associations constituent aussi, à ses yeux, un possible contre-pouvoir.

La liberté que Jeanne Gantier revendique pour elle-même, elle veut la rendre accessible à d’autres, aux femmes roms notamment. Ainsi, les Indraises de Romsi, dans l’activité cuisine montée avec les femmes Roms, accompagnent leurs progrès vers les possibilités d’intégration sociale, mais aussi vers l’autonomie, la liberté … Jeanne Gantier s’est aussi investie dans « le 3CI » (Comité communal consultatif indrais) qui propose aux citoyens et citoyennes d’élaborer des propositions soumises ensuite à la municipalité qui peut décider – ou non - de passer à l’étape de la réalisation. Des jardins familiaux ont ainsi vu le jour. Aujourd’hui citoyens et citoyennes phosphorent sur le thème de l’aménagement d’Indre : « dans quelle ville voulons-nous vivre en 2030 ? »

Au plaisir de l’échange

Cet ancrage local n’empêche pas Jeanne Gantier de saisir des opportunités de voyages pour découvrir d’autres sociétés. Elle choisit alors des modes de voyager au plus près des gens : à pied, en transports en commun, dans des auberges de jeunesse… pour se sentir libre, de regarder, d’écouter, de rencontrer, de partager… Le Maroc, la Sicile, la Grèce, la Crète, l’Angleterre, les États-Unis d’Amérique, la Roumanie… et son programme reste très ouvert pour les années à venir…

Son avenir, elle le voit finalement comme son présent : travailler, poursuivre des engagements associatifs, continuer à se construire avec son compagnon, ses enfants, ses frères et sœurs, ses ami.e.s, et, pourquoi pas, organiser sa vie future dans un cadre intergénérationnel… là où elle pourrait continuer à partager ses convictions, goûter le plaisir de l’échange, tout en se sentant libre…