Un thème que j'aime

11 mars 2016 : deuxième atelier gouaches découpées

La technique est apprivoisée. Celles qui ont participé au premier atelier

n'ont plus aucune appréhension. D'autres se joignent à elles, immédiatement

prises dans la joyeuse ambiance.

Les "anciennes" du premier atelier ont révisé leurs ambitions à la hausse. La première fois, elles s'étaient laissées guider par les couleurs; aujourd'hui, plusieurs ont en tête un thème à illustrer. La composition leur permet d'exprimer discrètement un souvenir, une idée, un sentiment qui leur sont chers. Les communiquer ? Plus ou moins : comprend qui veut. Comme le souligne Jacqueline, "C'est pour nous qu'on fait ça." "Ça soulage, dit Yolenn. C'est déjà pas mal." Pour autant, le partage est pourtant bien au rendez-vous. Y compris avec les femmes étrangères parlant très peu le français. On rit beaucoup, surtout en lançant des hypothèses d'interprétation sur les compositions de chacune.

Mawa représente un village de son pays. Nagui, une paisible scène champêtre avec de gracieux animaux minutieusement découpés. Évelyne a choisi une grosse bougie rouge aux flammes orange, en témoignage de sa foi, confirmée, dit-elle, par de multiples signes du temps où elle "faisait la route, de ville en ville". Après avoir achevé une composition abstraite, Jacqueline s'attaque à un bateau, très stylisé. Elle qui adore les couleurs vives travaille cette fois sur un vert doux, comme son humeur du moment. Le projet de Yolenn est plus tourmenté : elle dessine le monde "du moins dans l'état dans lequel on va le laisser, pas brillant." Des silhouettes s'enchevêtrent sur le papier. "Elles essaient de se battre pour arriver la première." L'image reste pourtant gaie, et les dernières silhouettes, collées devant, vont se tendre la main. Yolenn affirme que "le monde aurait beaucoup plus de cœur s'il avait été mené par des femmes."

La composition abstraite de Danièle soulève un amusant débat : dans quel sens convient-il de la regarder ? Un point important, puisque ce jour-là, les premières œuvres sont encadrées, puis accrochées sur un des murs. L'exposition débute, appelée à se renouveler au fil du partenariat. "L'encadrement valorise les résultats", souligne Claire Luxey, qui guide l'atelier sans être souvent appelée à intervenir, car les participantes s'activent en toute indépendance. Voyant leur fierté légitimée par les faits, elles attendent de revenir pour la prochaine session d'ateliers, fin avril.