Rentrée biosolidaire

Après une pause estivale, les paniers bio reviennent tous les mardis au centre socioculturel des Bourderies. Des retrouvailles fêtées par un pique-nique en musique. Qu’en disent les usager.es ? Quelles propositions pour cette nouvelle saison ?

Une trentaine de personnes ou de familles sont inscrites et viennent le mardi en fin d’après-midi acheter les bons légumes de Mireille Friou. Pas obligatoirement tous les mardis puisque, contrairement à des amap plus classiques, l’inscription n’entraîne pas d’engagement financier. Il serait impossible pour les habitant.es du quartier, dont beaucoup ne disposent que de faibles revenus. Or, justement, « On a décidé de monter le panier des Bourderies pour permettre aux gens du quartier d’avoir accès à des légumes bio pour un prix intéressant, explique Nadine Gouello, directrice du CSC. "C’était d’autant plus important pour nous qu’on avait constaté à l’occasion de l’écriture d’un projet social qu’il y avait énormément de problèmes de santé sur le quartier. Notamment liés à l’alimentation, comme le diabète. D’où l’importance d’accompagner les habitant.es dans la consommation de légumes. »

La Raymond Swing Band a régalé les pique-niqueurs avec un concert de jazz manouche de très bonne qualité.

Le droit à la santé

Il y a tout de même un engagement : celui de participer à la vie du centre et à vie du quartier. Nadine Gouello se déclare contente : « Il y a pas mal de forces vives, notamment pour les événements. Une bonne partie des gens participent à la distribution. Certains proposent des recettes, d’autres proposent de mettre en place des ateliers cuisine, quelques un.es donnent un coup de main à l’aide à la scolarité pour les enfants et les jeunes. Les gens qui n’acceptent pas le principe, qui veulent juste pouvoir acheter, ne reviennent pas et se tournent vers une amap plus classique. »

Il reste cependant difficile de faire venir des habitant.es des immeubles tout à côté du centre. « Les plus précaires ont du mal à privilégier cette forme d’alimentation avec des légumes. Même si les produits proposés restent accessibles, ils sont peu abordables pour les personnes en difficulté. » Une forme de santé à deux vitesses qu’on n’évoque pas assez. Les animateur.trices du CSC des Bourderies en sont bien conscient.es, qui poursuivent leur but de « sensibiliser les gens à mieux consommer, mieux s’alimenter. Souvent sous forme d’ateliers cuisine, très variés selon qui les animent. » Les voisin.es, usager.es ou non, n’ont toutefois pas boudé la soirée. En goûtant les tomates offertes par Mireille Friou, elles/ils les déclarent « très bonnes ». Celles/ceux qui ne connaissent pas encore écoutent avec attention l’explication des modalités du panier des Bourderies. Un jour, peut-être...

Recherche recettes

Tou.tes les usager.es abordé.es durant la soirée s’accordent à vanter la qualité des produits – et « le sourire de Mireille », très appréciée pour sa bonne humeur constante. La formule souple leur plaît : si l’on doit commencer ses achats par le panier standard à 4 €, on les prolonge si on le souhaite en choisissant des légumes vendus au poids ; si on ne peut venir un mardi, on ne perd pas un panier déjà payé. L’ambiance est sympathique, on peut discuter avec celles/ceux qu’on croise. Une habituée convaincue, qui vient aussi pour « soutenir les agriculteur.trices », souligne cependant des degrés divers d’investissement parmi les membres : « Tout le monde ne va pas au bout du truc. La permanence finie, elles/ils plient les gaules, alors qu’après, il faut aider Mireille à ranger. Il faudrait refaire un contrat qui rappelle la forme d’engagement. Mais quand on parle d’engagement, ça fait peur aux gens. » Elle se demande « comment faire pour que les gens ne viennent pas que pour chercher leur panier ».

Presque tout le monde regrette de ne pas trouver de recettes ; du moins écrites et à emporter avec son panier car Mireille, « fine gourmette », donne des idées. Elles/ils rêvent de « petites publications 4 pages » saisonnières, qui racontent un légume, proposent des façons de le cuisiner, en disent davantage sur le travail de Mireille. Une idée plébiscitée mais longue à s’accomplir car demandant un certain temps d’exécution. Qui va s’y coller ? Partager le travail serait bien sûr la solution idéale –pas toujours facile à mettre en place quelle que soit l’association.