La prostitution est une violence !

Les rassemblements du 24 novembre à l'occasion de la Journée internationale de l'élimination des violences faites aux femmes ont souligné une profonde dissension au sein des féministes ou s'intitulant telles. Pour le Collectif abolitionniste fondé à Nantes, la prostitution n'est pas un choix mais une violence, à dénoncer comme telle. Marchandiser les corps de femmes s'oppose au respect des droits humains.

L'attention médiatique était avant le 25 novembre, Journée officielle, mobilisée sur un collectif constitué pour l'occasion et intitulé "Nous toutes". Sous couvert d'ouverture et de consensus, ce collectif faisait l'impasse sur les violences perpétrées par le système prostitutionnel. Il s'agissait de ne pas mécontenter des associations qui réclament la légalisation de la prostitution, arguant que monnayer la disposition de son corps relèverait d'une liberté privée. Le Collectif abolitionniste nantais s'est désolidarisé de cette marche prétendûment unitaire et joint à un rassemblement place Graslin regroupant celles et ceux qui ne dissocient pas les violences, psychologiques, physiques ou sexuelles, quel que soit le domaine où elles s'exercent. La prostitution procède du système patriarcal et le soutient. Ce qui en fait une des questions cruciales sur lesquelles les féministes doivent se mobiliser.

Écouter les arguments du Collectif abolitionniste nantais sur la Quotidienne de Jet FM

Le Collectif abolitionniste nantais a condensé sa pensée dans un texte collectif :

Au mois de mai 2018, à Nantes, s’est fondé un Collectif abolitionniste, à l’initiative d’associations féministes se prononçant et s’engageant pour l’abolition de la prostitution.

L’abolitionnisme est la position officielle de la France, signataire en 1960 de la Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui (Nations Unis, 1949). Elle sanctionne le proxénétisme sous toutes ses formes et depuis avril 2016, pénalise les acheteurs de prestations sexuelles.

Dans son communiqué d’ouverture (voir ci-joint), le Collectif défendait cette dernière loi, attaquée bien avant d’avoir pu faire la démonstration de ses effets.

Elle souligne pourtant avec force la volonté de responsabiliser les acheteurs, sans lesquels les trafics prostitutionnels n’auraient plus lieu d’exister.

À l’occasion de la Journée Internationale pour l'élimination de la Violence contre les Femmes, le 25 novembre, le Collectif abolitionniste nantais souhaite redire que la prostitution ne représente aucunement une quelconque libération pour les femmes, mais bien une violence.

Des personnes (des femmes à 85 %) y sont mises à la disposition d’autres qui souhaitent assouvir des dits « besoins » sexuels, dans des rapports de soumission dont l’égalité reste exclue. Les personnes prostituées y sont contraintes par la misère économique, l’incapacité de trouver un emploi décent, celle de s’insérer dans la société, notamment à cause du racisme ou la xénophobie (93% d’étrangères parmi les personnes prostituées en France). Des pressions psychologiques, des violences physiques (64% des cas), les enferment dans cette exploitation.

On ne peut parler de prostitution « choisie » quand l’éventail du « choix » reste aussi mince. On ne peut assimiler la prostitution à un métier, faisant des proxénètes des commerçants comme les autres.

On doit répéter que la prostitution reste inacceptable dans son principe même, l’exploitation du corps des femmes (ou d’hommes) par des hommes.

L’attention médiatique continue cependant à se porter sur les mouvements pro-prostitution, qui se prétendent défenseurs de la liberté et traitent les abolitionnistes de « moralistes ». Cet appui renforce l’acceptation de la prostitution par la société, déjà trop encline à la considérer comme un mal nécessaire.

Nous voulons faire entendre un autre discours. S’engager pour l’abolition de la prostitution n’exclut pas respect et soutien des personnes prostituées et de celles qui veulent en sortir. Cette position appelle au contraire à la solidarité. Elle invite à reconsidérer fondamentalement les rapports sociaux femmes/hommes.

Associations membres du Collectif : Mouvement du Nid, Émulsion, Femmes solidaires-comité de Nantes , 44 Vilaines filles, Osez le féminisme 44, SOlidarité FemmeS 44, Zéro macho, Ciné femmes, Collectif Femmes mixité Ud 44 CGT, CIDFF.

 

 

 

 

 

Organisé par le

Mouvement du Nid,

vendredi 7 décembre

à 19h30,

une conférence de

la docteure Judith Trinquart,

légiste, spécialiste depuis vingt ans des violences faites aux femmes et de la prostitution, secrétaire générale de l'association Mémoire traumatique et victimologie.

Entrée libre.

 

Espace Simone de Beauvoir

15, quai Ernest Renaud

44100 Nantes