#SansNous pour la marche du 24 novembre

#PPDC Plus Petit Dénominateur Commun

#NousLesFemmes Nous valons mieux que ça !

 

Nous n’irons pas marcher le samedi 24 novembre. Nous avons collectivement pris cette décision au vu des différentes positions exprimées lors des initiatives de préparation. Cette décision est lourde de sens, mais nous l’avons prise en pleine conscience de nos responsabilités de mouvement féministe rassemblant 190 associations locales en France et sur la base de deux valeurs qui nous animent et constituent l’ADN de notre engagement.

 

Nous sommes abolitionnistes. Nous nous inscrivons dans le combat avant-gardiste du Mouvement pour l’abolition de la prostitution et de la pornographie (MAPP). Femmes solidaires a participé depuis plusieurs décennies à toutes les luttes contre le système prostitutionnel qui fait de la marchandisation des corps une machine de guerre contre l’intégrité des femmes et encourage toutes les autres violences faites aux femmes. Organisées au sein de Abolition 2012, nous sommes fières d’avoir, à notre niveau, accompagné l’adoption d’une loi abolitionniste en France : la loi du 13 avril 2016, visant au renforcement de la lutte contre le système prostitutionnel et à l’accompagnement des personnes prostituées. Certaines associations ouvertement réglementaristes ont déposé il y a quelques jours une question prioritaire de constitutionnalité pour revenir sur la pénalisation des clients prostitueurs. Nous devons d’autant plus être claires sur la prostitution : elle est, à toute époque, en tout contexte, une violence patriarcale qui ne concerne pas seulement les victimes directes de la prostitution et de la traite mais également toutes les femmes en affirmant que l’on peut acheter leur corps, contrôler leur sexualité.

 

Nous sommes universalistes. Aujourd’hui, deux courants se font face dans notre monde et aussi dans notre pays. Il y a d’un côté le relativisme culturel, véritable fléau à l’échelle de la politique française et sur l’échiquier international, qui tente de diviser les

femmes, de les renvoyer à leur culture, leur pays, leur quartier, leur communauté, voire leur religion. De l’autre, le courant universaliste qui défend l’idée que les femmes doivent bénéficier des mêmes droits quels que soient leur culture, leurs convictions philosophiques, religieuses, leurs croyances, le lieu où elles sont nées. Nous sommes de ce courant. Nous nous opposons à la « racialisation » des luttes qui, au nom des spécificités culturelles, de l'identité ou de la religion, relativise la question des droits fondamentaux des femmes, en tête desquels le droit des femmes à disposer de leur corps. Pour nous, la laïcité demeure le seul cadre législatif garantissant les droits égaux à toutes les femmes, les religions n’ayant jamais donné de droits nouveaux aux femmes, ni même garanti ceux déjà acquis. Nous voulons un alignement des droits des femmes par le haut dans un cadre universaliste.

 

Enfin, Femmes solidaires considère que les violences faites aux femmes sont un continuum. Elles ne sont pas une suite de faits divers. Demander légitimement la fin de l‘impunité des violeurs n’a aucun sens si nous acceptons par ailleurs le viol organisé et réglementé qui porte un nom : la prostitution, si nous acceptons les dogmes religieux comme des normes à respecter. Il faut arrêter avec les traitements symptomatiques des violences faites aux femmes et cela ne passe pas par le plus petit dénominateur commun mais par des bouleversements systémiques. La stratégie du plus petit dénominateur commun peut révéler l’ampleur du phénomène des violences à court terme, mais sera contre-productive à long terme si nous ne remettons pas en cause les systèmes d’oppression des femmes dont le patriarcat et les dogmes religieux.

Nous restons solidaires de toutes les femmes donc pensons que nous valons mieux que le plus petit dénominateur commun.

Paris, lundi 19 novembre 2018

 

Femmes solidaires tiendra plus de 100 initiatives sur le territoire dans le cadre du 25 novembre 2018.

Agenda disponible sur le site