Double Dutch à C'West : ça bondit

Pas de repos pour les tourneuses et les sauteuses double dutcheuses de C'West, qui promeuvent avec une belle énergie leur sport et leurs équipes. Quitte à confectionner et vendre des crêpes pour financer leur participation au championnat de France à Paris ce printemps.

Dans un des clubs de C'West, association du quartier Bellevue à Nantes, une vingtaine de filles et quelques garçons pratiquent un sport né des émigrés néerlandais dans les rues des Etats-Unis qui se répand doucement en France : le double dutch. Quatre soirées d'entraînement par semaine (tous les soirs quand un championnat approche), avec échauffement par tours de piste, rodage de la vitesse (dont l'épreuve de deux minutes apporte des points selon les pas qu'on y marquera), répétition des figures acrobatiques (seconde épreuve, de une minute quinze) que le mouvement des cordes ne doit pas entraver. " Il n'y a pas de figures imposées. On se sert des figures gymniques, explique Meriem. Et on s'inspire des danseurs." Qu'elles aient 8 ans, l'âge où elles sont assez développées pour être admises dans le club, ou qu'elles entrent dans l'âge adulte comme leur coach Safia, les double dutcheuses, qu'on appelle officiellement jumpeuses, savent  que dans leur sport, il y a deux qualités à satisfaire : la vitesse et la créativité.

Tourneuse ou sauteuse ?

Pour la vitesse, elles utilisent des cordes à sauter lisses; et pour les figures, des cordes en perles longues qui, dès qu'elles accélèrent, sifflent dans l'air.  Une catégorie vient d'être créée par la Fédération française pour les grand.es : les espoirs. A 23 ans, elles seront sénior.es et pourront devenir véteran.es, comme cette équipe de trentenaires américains qu'elles admirent. Elles connaissent le risque des blessures dues aux faux mouvements, elles savent que "ça abîme les genoux, les jambes, les épaules", ce qui ne fait pas bon ménage avec la croissance, et que lorsqu'on s'est blessée, "c'est mieux d'arrêter puis de recommencer". L'équipe des trois minimes (surclassées car l'une d'entre elles a atteint 14 ans) expliquent très bien le problème, sans promettre qu'elles en tiennent compte. L'an dernier, elles ont obtenu à Paris le titre de championnes du Monde dans leur catégorie. Comme toutes les équipes de "simple", elles sont trois, deux tourneuses qui manient les cordes et une sauteuse; alors que dans les "double", figurent deux sauteuses. Tout le monde doit savoir tourner, puis les spécialités se précisent avec le temps. Le double dutch exige du souffle, de la souplesse et de l'endurance. Il ne se limite pourtant pas aux très jeunes, et certainement pas aux filles, bien que massivement féminisé. Se pratique-t-il en mixte ? Rien ne l'empêche et à C'West, elles le proposent, mais les garçons doivent affronter les quolibets de leurs copains pour s'intégrer à un groupe presque exclusivement féminin.

"Pas assez soutenues"

Les passionnées de C'West ont développé à Nantes leur discipline de plus en plus appréciée en région parisienne, où les villes comptent plusieurs clubs. Elles la pratiquent aussi dans les rues, dans les parcs - là où elle est née en vrai sport populaire qu'elle est restée. Elles l'aiment, elles la montrent, aiguisent l'envie des autres jeunes et en s'illustrant dans les championnats, elles font honneur à leur ville de Nantes. Pour tout cela, elles ne sentent "pas assez soutenues", et en éprouvent un certain dépit. Elles attendraient de la ville le coup de pouce qui reconnaîtrait leur succès. "Plus d'argent" en pratique, car c'est la seule chose qui leur manque pour montrer ce qu'elles savent faire. Elles ne sont pas découragées pour autant. Ce championnat de France à Paris en mai 2017, où elles souhaitent emmener aussi des membres qui ne concourront pas, elles s'emploient à le financer en partie elles-mêmes. Méthode : des fêtes ou stands de soutien où acheter ce qu'elles proposent revient à soutenir concrètement leur projet.

 

Prochain rendez-vous : vendredi 17 mars de 19 h à 23 h

à la Maison des Habitant.es et de la/du Citoyen.ne - place des Lauriers - Nantes

Pour celles et ceux qui désireraient les soutenir financièrement sans aller à leur fête, téléphoner à Safia : 06 49 12  23  06