On nous prend pour quoi ?

15 000 personnes - selon les syndicats, 6 200 selon la police - ont défilé à Nantes

mardi 12 septembre 2017 contre la Loi Travail. Beaucoup de jeunes. Beaucoup d'aîné.es qui s'inquiètent pour les générations qui les suivent. Toutes et tous sérieusement en colère. Personne n'admet le ton Macron, méprisant, hautain. Quelques paroles de manifestant.es glanées dans le cortège...

À toutes et tous, la même question simple est posée :

Pourquoi participez-vous à la manifestation ?

 

Déjeuner de travailleuses sociales avant le départ

Cette loi est une porte ouverte. À la moindre difficulté qu'aura l'entreprise, elle pourra licencier ses salaré.es, comme ça, et tout sera en défaveur du salarié. Mais il n'y pas que cette loi.

On a voté pour Macron, pourquoi ? Pour contrer Le Pen.

Quand j'ai voté Macron, je me suis dit : je monte un syndicat dans ma boîte, et je lutte. Je suis la seule dans mon entreprise à faire grève. Il y a des gens frileux.

Dans le social, où tu travailles, il y a beaucoup de femmes. Elles n'osent pas laisser les patient.es. Ça n'est pas comme d'arrêter les machines.

Pour les contrats aidés, on est directement impacté.es, nous, nos collèges... On ne sait pas lire entre les lignes. J'ai l'impression que tout va aller en empirant et rien n'est pour le salarié.

Les patrons vont avoir tous les pouvoirs, puisqu'ils suppriment les accords de branche.

Tu culpabilises et tu te dis : Qu'est-ce que fais ? Les jeunes, je les sensibilise, je les sensibilise pas ?

Ils veulent un mode de riches, un monde de nantis.

Là, j'y vais pour les contrats aidés.

Moi, maintenant je suis toute seule. J'ai démarré tout seule. Après, on était en plein développement, et maintenant...

Il faut demander des vrais emplois ! Pas organiser le travail précaire.

Les gamines qu'on reçoit, avec les moyens qu'on a, comment veux-tu les aider ? C'est un tout.

Des militant.es CGT

Hervé : Nous, fonctionnaires, on est pas directement impacté.es Mais on sait très bien qu'il n'y a pas que la Loi Travail, il y aura des choses derrière qui vont nous impacter.

Sylvie : Je suis là pour défendre le Code du Travail. Souvent, on attaque le privé et puiq après, par derrière, on attaque le public. Ce "CDI de projet" qui se prépare, je pense que ça va tuer le CDI, tout simplement.

Aurélie : Moi, je suis là parce que je suis cynique, fainéante et... Qu'est-ce qu'il a dit, l'autre ?... Extrême. Pour contrer son extrèmisme à lui.

Nicole : La défense du salarié, c'est aussi la défense des jeunes. Il y a toute une génération qui arrive et qui vont rencontrer des difficultés à cause de cette Loi Travail. Et autant dans la fonction publique que dans le privé.

 

Justine, jeune militante féministe

Je suis là pour lutter contre la précarisation des salarié.es et contre la précarisation des femmes, en particulier, parce que dans les emplois précaires, il y majoritairement des femmes. Pour montrer au gouvernement qu'on est nombreux, qu'on est mobilisé.es pour défendre le Code du Travail. Il va être détourné de sa fonction première qui est de protéger les salarié.es. La relation employeurs/salariés dans une entreprise est inégale. On aura beau penser naïvement que chacun.e pourra se défendre tout.e seule.e.

Vous croyez encore à la lutte des classes, alors ?

Il faut encore penser en terme de lutte des classes puisque ceux qui ont l'argent et les moyens pensent encore comme ça et malheureusement, ceux qui sont dominé.es par ces règles du jeu restent soumis. Il faut prendre conscience qu'il faut s'unir et agir.

 

Deux amies impliquées dans l'associatif

Christine : Je suis contre cette Loi Travail, qui va contre les salarié.es et particulièrement, les salarié.es les plus faibles. Et contre la suppression des emplois aidés. C'est pas la panacée, mais ça a aidé bien des associations. Et ça permettait à certaines personnes d'entrer sur le marché du travail. Après, je suis retraitée, et la cotisation ne me plaît guère. Il y avait d'autres façons de récupérer de l'argent, qui n'ont pas été prises. Et puis il y a la réforme de l'université. Quand j'étais jeune, j'étais souvent dans la rue; j'ai abandonné la rue pendant une certaine période. Là, je pense qu'il est temps d'y retourner.

Nicole : Je suis là dans un souci de cohérence. Au départ, j'étais pas du tout pour Macron. Cette réforme, elle était prévisible, c'est pas une surprise. Pour moi, c'est important d'aller jusqu'au bout de ma démarche. Je pense que c'est le bruit de la rue qui peut faire bouger les choses. C'est pas parce que je suis retraitée que je ne me sens pas concernée.

Isabelle et Marie-Laure, travailleuses sociales

Isabelle : On vient pour conserver nos emplois. Mais on ne vous dit pas tout !

Marie-Laure : Contre la politique libérale. On en a marre qu’on dise qu’on refuse le changement. Si le changement est bénéfique, oui, on est d’accord. On nous parle mal. Je suis là aussi pour ceux qui viennent après, pour les jeunes, les SDF, les sans-papiers...

La jeune Margot ne veut pas parler, mais Élie intervient :

Élie : Contre Macron, contre la loi... mais pas seulement. En fait, je me sers de la manifestation pour protester.

Isabelle : Il y a moins de monde que ce que je pensais. Les gens ne se sentent pas concernés. J’étais ce matin à une réunion de travail, je suis la seule à être partie pour aller à la manif.

 

Quatre jeunes femmes œuvrant dans le monde associatif

Pour l’avenir ! Pour les jeunes sans emploi !

Il faut changer le président contre quelqu’un d’un peu moins pris par les lobbys. Il faut changer le système capitaliste. On en a vu les limites. Ça ne veut plus rien dire.

Le gouvernement nous montre du mépris, de la méconnaissance. Eux, ils sont très ignorants de ce qu’on vit. Ils ne servent que leurs intérêts.

Ceux qui cherchent du travail ne sont pas des fainéants ! Ça fait mal d’entendre ça.

Alain, plus âgé, intervient :

Alain : Je viens pour que les conditions de travail soient préservées. Il n’y a pas beaucoup de monde. La manifestation n’est pas assez large pour mobiliser.

Un couple de jeunes retraité.es

On veut conserver nos droits.

Virer Macron, précise le monsieur.

C’est tout, sauf pour les ouvriers. On veut sauver nos retraites.

Il y a beaucoup de jeunes. Les jeunes défendent leur avenir.

 

Un groupe d’associations nantaises

Il se remarque à ses signalitiques jaunes. En germe depuis quelques semaines, ce regroupement fait sa première apparition publique.

Marie : On s’est réuni ce matin. On veut faire des actions ensemble. On veut aller plus loin, pour lutter contre la précarisation des associations.

À suivre, donc.

Des employées (en tenue) d’un EHPAD

Déjà en sous-effectif depuis des années, elles subissent directement la suppression d’emplois aidés : deux emplois tout récemment, dont les ex-détentrices sont présentes.

On est en charge de travail. On dispose de 16’ par jour à accorder à chaque personne. On peut leur donner une douche toutes les trois semaines.

On a tous les âges dans les EHPAD, tous les états. Les patients ont besoin de repères. Le turn-over incessant des employé.es ne leur convient pas.

Le gouvernement s’en fiche. On n’est pas écoutées.

 

Christine et Véronique, militantes de La France insoumise

On se bat contre l’intolérance, pour l’égalité, contre la pauvreté, pour la liberté, pour la jeunesse... Avec la CGT.

Le gouvernement nous parle mal. C’est une dictature déguisée. On nous fait croire des choses qui sont fausses.